LES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE, 1ère PARTIE

Où commence la philosophie?

II y a deux façons d’entendre la question. On peut se demander d’abord où situer les frontières de la philosophie, les marges qui la séparent de ce qui n’est pas encore ou pas tout à fait-elle. On peut se demander ensuite où elle est apparue pour la première fois, en quel lieu elle a surgi – et pourquoi-là plutôt qu’ailleurs. Question d’identité, question d’origine, liées l’une à l’autre, inséparables -, même si en trop bonne, en trop simple logique, la seconde semble supposer déjà résolue la première. On dira : pour établir la date et le lieu de naissance de la philosophie, encore faut-il connaître qui elle est, posséder sa définition afin de la distinguer des formes de pensée non philosophiques. Mais, à l’inverse, qui ne voit qu’on ne saurait définir la philosophie dans l’abstrait comme si elle était une essence éternelle? Pour savoir ce qu’elle est, il faut examiner les conditions de sa venue au monde, suivre le mouvement par lequel elle s’est historiquement constituée, lorsque dans l’horizon de la culture grecque, posant des problèmes neufs et élaborant les outils mentaux qu’exigeait leur solution, elle a ouvert un domaine de réflexion, tracé un espace de savoir qui n’existaient pas auparavant, où elle s’est elle-même établie pour en explorer systématiquement les dimensions. C’est à travers l’élaboration : l’une forme de rationalité et d’un type de discours jusqu’alors inconnus que la pratique philosophique et le personnage du philosophe émergent, acquièrent leur statut propre, se démarquent, sur les plans social et intellectuel, des activités de métier comme des fonctions politiques ou religieuses en place dans la cité, inaugurant une tradition intellectuelle originale qui, en dépit de toutes les transformations qu’elle a connues, n’a jamais cessé de s’enraciner dans ses origines.

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