FRANÇAIS : LES PRINCIPAUX TYPES DE ROMAN

LES PRINCIPAUX TYPES DE ROMAN

*FORMULE INTRODUCTIVE.*
_Il existe trois genres littéraires majeurs. Il s’agit du théâtre (dont l’histoire, écrite ou produite sous forme de dialogue, est destinée à être représentée sur scène), de la poésie (qui représente, sous forme de vers fixes ou libres, un lieu, un endroit, en harmonie avec un état d’âme ou un état d’esprit) et le roman (qui représente une série d’événements mis en place par l’intermédiaire de personnages en action, par le biais de la narration). Ce dernier genre littéraire possède des formes et des objectifs très variés car chaque romancier l’adapte à son besoin propre selon les circonstances d’ordre personnel ou collectif. C’est ainsi qu’on connaît divers types de roman dont j’énumère les plus fréquemment utilisés (dix seulement) dans cette publication._

*1. LE ROMAN HISTORIQUE*.
Certains romanciers se proposent de ressusciter le passé de leur pays ou de revisiter la mémoire collective d’une communauté ou d’un continent. L’action se situe alors dans une époque très reculée dans le temps. Les réalistes affectionnent beaucoup ce type de roman auquel ils réussissent grâce à une minutieuse documentation pour rester fidèle à l’histoire stylistiquement réactualisée. Nous en avons l’illustration dans Les Bouts-de-Bois de Dieu de Ousmane Sembène (un de mes artistes préférés !)

*2. LE ROMAN AUTOBIOGRAPHIQUE*.
Ici, le romancier représente des événements de sa vie, ses expériences personnelles, comme dans Les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand ou dans L’enfant noir de Laye Camara. L’écrivain qui écrit, le narrateur qui raconte et le personnage principal qui agit ne font plus qu’un. Le roman autobiographique a cependant des variantes : la confession et les mémoires. Dans la confession, le romancier raconte ses tourments et ses passions, confesse ses erreurs et les fautes qu’il a commises ou rétablit la vérité sur son passé ; Les Confessions et ses pages magnifiquement bien écrites par Jean-Jacques Rousseau peuvent nous donner raison. Dans les mémoires, l’auteur raconte des événements auxquels il a participé ou dont il a été témoin ; les romantiques tels que Chateaubriand dans Mémoires d’outre-tombe en ont beaucoup fait usage pour révéler leur intimité au grand public.

*3. LE ROMAN DE MOEURS.*
On l’appelle aussi  »roman social ». Là, l’écrivain privilégie la description d’un environnement, la peinture des caractères par l’étude sociale et psychologique d’un milieu. Les réalistes, les naturalistes ainsi que les écrivains de la Négritude l’utilisent particulièrement pour représenter la vie sous toutes ses formes (Madame Bovary de Gustave Flaubert), pour dénoncer une injustice (Germinal de Émile Zola) ou encore pour faire le procès de certaines catégories sociales (La Grève des battù de Aminata Sow Fall). Le romancier construit son récit, présente ses personnages, de façon à donner au lecteur l’impression de la réalité ; le cadre spatio-temporel appartient au monde réel et les personnages traversent des situations empruntées à la vie courante, quotidienne. Les réalistes et les naturalistes sont encore restés maîtres dans cet art de démonter les mécanismes sociaux qui écrasent les individus, de souligner l’influence du milieu et de l’hérédité, de faire place aux parias, c’est-à-dire à ceux qui sont exclus.

*4. LE ROMAN ÉPISTOLAIRE*.
À proprement parler, le roman épistolaire est moins un type qu’une forme de roman, car l’histoire parvient au lecteur par lettres ✉. Les personnages y rapportent leurs découvertes, y confient leurs émotions, y entretiennent le dialogue avec un être cher. Si la lettre donne l’opportunité de rapporter directement un témoignage, d’exprimer un sentiment, elle est aussi un appareil de séduction, une conquête du destinataire. Le plein essor de cette forme de roman s’installe au coeur du XVIII ème siècle qui privilégie l’échange d’idées et de sensibilités, l’ironie philosophique, l’exaltation des passions amoureuses… comme c’est le cas de Lettres persanes de Montesquieu, Julie ou la nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos. Plus près de nous, on peut citer Une si longue lettre, roman auquel Mariama Bâ a donné une forme épistolaire.

*5. LE ROMAN D’ANALYSE.*
On l’appelle aussi  »roman psychologique ». Il se consacre à l’exploration des sentiments de personnages souvent partagés entre l’amour et la vertu, le désir et son renoncement. Dans un cadre spatial restreint, étouffant à la limite, écrit dans un style sobre et dépouillé, le roman d’analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile. Anxieux, tourmentés, ces personnages s’analysent eux-mêmes, entre exigence et lucidité. Ce type de roman s’illustre déjà au XVII ème siècle avec, par exemple, La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, dans un siècle qui aime l’étude des caractères ; il était aussi très en vogue à l’époque romantique, à l’instar de la Confession d’un enfant du siècle de Alfred de Musset.

*6. LE ROMAN D’AVENTURES.*
Appelé quelquefois  »roman d’apprentissage », ou encore  »roman de formation », le roman d’aventures est un récit dont l’intérêt est soutenu par la multiplicité des épisodes et les rebondissements d’une action qui entraîne les personnages dans des péripéties parfois fantastiques. Le romancier nourrit le dessein de nous arracher à la pesante vie quotidienne, de nous introduire dans un monde où le héros court 🏃 des risques et, d’abord, le risque de mourir 💀. En dehors du divertissement qu’il suscite, ce type de roman nous permet de connaître des époques, des moeurs (comme dans Une Vie de boy de Ferdinand Oyono) et de découvrir des paysages exotiques (comme dans Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne ou encore Les Trois Mousquetaires de Alexandre Dumas). Mais au XX ème siècle, des romanciers comme Malraux et Saint-Exupéry renouvellent le roman d’aventures en refusant les médiocrités et les conventions sociales ; désormais, l’aventurier s’engage dans un dépassement de soi ; pour lui, l’action est un défi qui donne un sens au monde, comme les héros de Vol de nuit.

*7. LE ROMAN POLICIER.*
Également appelé  »polar », il développe une action violente dans laquelle l’auteur expose les efforts d’un détective (professionnel ou amateur), pour éclaircir une affaire mystérieuse : un vol, une disparition, une mort inexplicable… conduisent le héros à chercher des indices ou des mobiles, à interroger des suspects, à résoudre l’énigme, en un mot. Des policiers, des espions, des criminels et des agents doubles cohabitent et luttent sans merci. Chaque personnage joue un rôle bien précis : victime, témoin, suspect, coupable, assassin… comme c’est le cas dans Les Gommes de Alain Robbe-Grillet. De toute façon, au terme de l’enquête, la violence est déchiffrée, l’ordre restauré.

*8. LE ROMAN D’ANTICIPATION.*
Le roman d’anticipation est un récit d’aventures fantastiques (incroyable, trop beau pour être vrai) placé dans un avenir imaginé d’après les découvertes ou les hypothèses scientifiques les plus récentes. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains l’appellent  »roman de science-fiction ». La plupart des romans de Jules Verne sont des romans d’anticipation, comme Voyage au centre de la terre ou encore De la Terre à la Lune.

*9. LE ROMAN PHILOSOPHIQUE*.
Il s’agit d’un type de roman qui développe la pensée philosophique de son auteur qui transparaît sous ou derrière l’histoire racontée. Celle-ci n’est alors qu’une façade (non négligeable) pour asseoir toute une façon de voir le monde, par le biais des actes effectués ou des paroles prononcées par le ou les personnages en action. C’est cette nouvelle tendance qui se remarque avec les romans de l’absurde ou les romans existentialistes, à l’instar de L’Étranger d’Albert Camus ou La Nausée de Jean-Paul Sartre, pendant et même après la seconde guerre mondiale.

*10. LE NOUVEAU ROMAN.*
Ce terme est employé par les romanciers d’après-guerre qui ambitionnent de bouleverser les codes narratifs traditionnels. Le nouveau roman est idéaliste (pas formaliste) pour mieux rendre compte de cette incohérence d’une conscience qui s’exprime généralement à la première personne. Michel Butor, Claude Simon, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, etc. ne s’étant même pas constitués en école ou mouvement, en sont les initiateurs, complètement en porte-à-faux avec le roman traditionnel trop conventionniste. Ici, nous avons affaire à une aventure de l’écriture, beaucoup plus qu’à une écriture de l’aventure, si je puis dire…

*LE MOT DE LA FIN*.
Pour tout dire, le roman offre une panoplie de types accordée au romancier, comme s’il s’agissait d’un carquois qui contient plusieurs flèches dont les cibles sont multiples. Mieux encore, un même roman peut réunir plusieurs types, aussi étroit qu’en soit l’espace narratif.

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